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vendredi 16 décembre 2011

Gears of War 3


Gears of desperation
(ATTENTION SPOILER, il est préférable d'avoir terminé le jeu avant de lire ce qui suit.)


  Plus qu’une simple histoire de guerre, la licence Gears of War à su poser au fil des épisodes consoles et surtout des épisodes littéraires une véritable critique sur notre société où l’humanité est encore et toujours responsable de sa propre destruction.  C’est d’ailleurs le constat que fera Marcus, plein de désespoir, arrivé au bout de son périple. Alors que ses compagnons d’armes crient à la victoire, lui vient de réaliser qu’ils n’ont pas gagné la guerre, mais qu’une bataille.

 Une victoire en demi-teinte

 Marcus a perdu ses compagnons d’armes sur le champ de bataille, son meilleur ami puis enfin son père qu’il n’a pu encore une fois sauver. L’avenir d’un héros brisé par les combats est incertain et la plus grande menace pour l’humanité est toujours vivante : ce n’est plus celle des locustes, mais la bêtise humaine elle-même. Une bêtise que l’homme n’est pas prêt de vaincre. Il n’est pas interdit d’y voir dans cette fresque guerrière, des locustes n’étant qu’au final une espèce vivante comme une autre, cherchant à protéger ses terres petit à petit consumées et mises en péril  par des années de guerres et d’exploitations humaines. Là encore l’histoire se répète et tire son inspiration dans les germes des grandes guerres où les premiers colons massacraient déjà les Indiens. Car c’est bien d’un massacre de masse dont il s’agit visant à réduire à néant toute forme de vie Locuste ou Lambente sur serra. Un génocide rendu possible grâce à la seule invention d’un homme qui tient le destin de l’humanité tout entière entre ses mains : le père de Marcus, qui  pour achever son « œuvre » devra sacrifier sa propre vie pour expier ses fautes et celles de ses semblables.

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Mais au final, qui des Locustes ou des humains sont les plus monstrueux ?

L’histoire s’arrange toujours pour inverser les rôles et est souvent racontée du point de vue de ceux qui pensent en être les véritables héros. Le personnage de Marcus, pourtant présenté comme le stéréotype du Badass bourrin à souhait, prend en réalité une dimension profondément humaine dans ce dernier épisode.  Conscient de cette victoire factice, celui-ci comprend que son espèce est la seule et véritable menace qui pèse sur cette planète. On découvre alors un homme en proie à ses faiblesses et submergé par les doutes. Il n’est plus un héros, mais juste un homme épuisé par les guerres et leur totale absurdité. 

Faites l'amour, pas la guerre

  La dernière cinématique du jeu retranscrit admirablement tout le désarroi qui s’empare de Marcus laissant tomber tout son attirail de guerre derrière lui avant de se laisser tomber à terre pour scruter l’horizon infini qui s’étend devant lui. Le joueur assiste à l’effondrement psychologique d’un homme qui croyait se battre pour la liberté. Un homme qui, bercé par les illusions, aveuglé par un désir de victoire si fort et guidé par une haine si incommensurable, qu’il en a oublié l’origine même du conflit dans lequel il s’est engagé. Alors que Marcus, d’un coup de couteau, tue symboliquement la reine Locuste — qui arbore ici un visage humain comme pour rappeler que l’homme est à l’origine de ce qu’il lui arrive – sa peine n’en est pas pour autant soulagée. 

Le retour à la réalité est sans concession et la victoire n’est plus définitive, mais seulement plus qu’une chimère. Tout ne semble pas perdu pour autant, une lueur d'espoir subsiste et réside en la personne d'Anya.  Peut-être est-ce au final la seule chose qui ait survécu au travers de toutes ces batailles, ce qui reste de plus cher et de plus beau à l’humanité : l'amour. La seule et unique véritable récompense est celle que Marcus n’aurait jamais pu imaginer avoir en ces temps de guerre.

 Aussi surprenant que cela puis paraitre, ce dernier épisode surprend là où on ne l’attendait pas et vient boucler d’une manière admirable cette trilogie de guerres.
Cette dernière cinématique, mêlant désespoir et renaissance, est d’une puissance d’évocation émotionnelle telle, qu’il est difficile de ne pas y voir là l’un des plus beaux épilogues de jeu et l’un des plus réfléchies de ces dernières années.


   Alors certes, comme le soulignait récemment le game designer Cliff Bleszinski  en déclarant : « gear of n’est pas du Shakespeare », on pourrait difficilement lui donner tort. Néanmoins, s’il on prend l’histoire de gears of war dans sa globalité et qu’on la regarde sous le prisme particulier de ce dernier épisode et de cette ultime cinématique, il est étonnant de voir qu’un un jeu comme celui-ci  puisse soulever autant de questions quant au devenir de notre propre humanité. Et tout d’un coup, la possibilité que notre monde puisse un jour ressembler à celui dépeint ici ne semble étrangement plus si fictif que ça.

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