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dimanche 15 avril 2012

Test Mass Effect 3


LÉGENDE GALACTIQUE



MASS EFFECT 3

De BioWare, édité par Electronic Arts.


 La galaxie est en guerre. Après avoir vaincu Sovereign et les récolteurs, il est temps pour le commandant Shepard et ses alliés de se rassembler pour mettre fin à la menace des moissonneurs qui jusque-là était encore restée abstraite. Le ton grave et pessimiste qui règne sur ce dernier opus prépare petit à petit le joueur à appréhender cet ultime combat qui pourrait bien être le dernier.

L’introduction du jeu met d’ailleurs un point d’honneur à nous faire comprendre que la supériorité de l’ennemi face aux forces armées de l’alliance est sans appel. Technologiquement beaucoup plus avancés et bien plus nombreux, les moissonneurs lancent une attaque éclair d’envergure contre les planètes d’origines de chaque espèce et font bientôt régner le chaos dans toute la galaxie. La terre n’est bien sûr pas épargnée et le combat du commandant Shepard contre les moissonneurs débute immédiatement sur notre belle planète bleue, tout du moins ce qu'il en reste. Le joueur est alors rapidement plongé au cœur même de l’action au travers d'un tutoriel de luxe servi par une mise en scène des plus efficaces.

L'heure de la moisson à sonné !


Côté Gameplay on retrouve très rapidement la nervosité des combats apportée par le deuxième opus. Quelques nouveautés font leurs apparitions dont notamment la possibilité de pouvoir désormais faire des roulades. Pratique pour esquiver les tirs, celles-ci font gagner à Shepard un peu de souplesse et cela s’en ressent d’autant plus grâce aux animations beaucoup plus fluides qu’auparavant. Le système de cover emprunté à Gears of War est bien sûr toujours présent et fonctionne mieux que jamais. Au point que l’on se demande parfois si l'on n’est pas en train de tirer sur quelques Locust échappés du jeu post apocalyptique d’Epic. En outre, si le précédent titre avait quelque peu négligé l’aspect rôliste au profit d’un surplus d’action, cet opus rectifie le tir et apporte une dimension tactique bienvenue. Le retour des mods d’armes et à la refonte complète des délais d’utilisation des pouvoirs permettent de rééquilibrer la balance entre action et RPG.

Les combats sont toujours aussi dynamiques.
Loin de se contenter d’un gameplay efficace et peaufiné, BioWare a bien évidemment mis l’accent sur ce qu’il sait offrir de meilleur à ses jeux : ambiance léchée et histoire au diapason sont au rendez-vous pour ce dernier chapitre. L’ambiance pesante de la guerre qui fait rage est presque palpable ; malgré un Level design toujours aussi cloisonné depuis l’arrivé des Covers, il permet en revanche d’offrir au joueur une maitrise sans faille de l’action toujours plus rythmée et bien souvent ponctuée par de nombreuses cut scenes impressionnantes qui viennent parfaire la mise en scène globale du jeu.

L’histoire quant à elle est ici plus que jamais admirablement bien écrite, tout est fait pour plonger le joueur au cœur de l’action et l’impliquer au plus près du conflit qui fait rage. Que ce soit à bord du Normandy ou bien de la citadelle, le jeu ne donne pas une minute de répit au joueur et l’engage dans de nombreux  dialogues très efficaces et toujours aussi fins. Ceux-ci déboucheront  le plus souvent sur des quêtes à accomplir nous invitant ainsi à parcourir la galaxie afin de rassembler le plus de force possible pour affronter l’ennemi commun.

Comme à l'accoutumée, L’accomplissement de ces quêtes conduira le joueur à prendre des choix plus difficiles les uns que les autres. Pour clôturer sa trilogie en beauté, BioWare à mis la barre très haute quant au poids des décisions et de leurs conséquences qu’il va incomber au joueur.
Les choix proposés posent comme l’on rarement fait d’autres jeux auparavant, de véritable dilemme. Bien qu’ils soient moins nombreux que dans les opus précédents, BioWare a préféré dans un souci de maitrise de son histoire – et cela sans ressent fortement dans la qualité globale du scénario — limiter les choix proposés au joueur, mais ces derniers seront plus déterminants que jamais quant au devenir de la galaxie. Les sacrifices à faire sont nombreux et le sens du devoir ainsi que les lourdes responsabilités qui pèsent sur les épaules du commandant Shepard sont plus que jamais au centre de l’histoire. 



Le choix de toute une vie



( ATTENTION SPOILER ! ce qui suit révèle des éléments clefs de l'intrigue et sur la fin de Mass Effect 3)

L’un des choix les plus troublants restera sans doute celui concernant l’espèce des Krogans. Entre perpétrer secrètement le génocide d’une espèce ou bien la préserver dans le seul but d’obtenir une aide précieuse contre l’envahisseur avec toutes les conséquences les plus néfastes que ces choix impliquent, BioWare maitrise l’art et la manière de nous mettre dans des situations bien délicates. Certains choix suscitent en effet de vraies secondes de réflexion avant de délivrer la « sentence ». Car voilà, Shepard, le joueur, fait ici figure à la fois de véritable juge et d’exécuteur. Les conséquences de nos actes seront toujours à double tranchant et bien souvent les choix se résumeront à sauver des milliers de vies pour en sacrifier des milliers d’autres.

Le cas des Krogans reste exemplaire en ce sens afin d’illustrer toute l’ambiguïté morale et les questions d’éthiques que soulèvent certains des choix qui sont proposés au joueur. Qui suis-je pour décider du futur de toute une espèce ?  Qui suis-je pour avoir autant de pouvoir et de contrôle entre mes mains ? Pourquoi moi ? Ces questions peuvent perturber allégrement le joueur au moment de prendre des décisions aussi lourdes. Le personnage de Shepard lui-même se posera d’ailleurs  les mêmes questions comme pour mieux tenter de répondre à nos propres interrogations. On lui répondra simplement qu’elle est la personne la mieux placée pour régler ce conflit et qu’il ne peut pas en être autrement. Difficile de vivre avec ça.

Et comme si les choix n’étaient déjà pas assez difficiles, leurs conséquences impliquent bien souvent ceux qui sont les plus proches du commandant. Ainsi, si le joueur prend les décisions  qui éthiquement lui semblent les plus « raisonnables » dans ce contexte particulier, il prendra le risque de voir les personnages principaux de la série mourir les uns après les autres. Le vice est poussé ici à son paroxysme et, en jouant intelligemment sur les liens affectifs qui unissent le joueur avec les différents personnages du jeu depuis le début de la série, BioWare s’assure ainsi de rendre les conséquences de nos actes encore plus tragiques. Là encore, le sens du sacrifice est au centre des décisions à prendre et en tant que joueur il faudra choisir entre la raison du cœur et celle de l’esprit.


Il faudra faire vite pour sauver ce qu'il reste de la terre.
Les choix les plus difficiles resteront toutefois ceux à effectuer une fois l’heure fatidique arrivée. Cette fameuse fin qui fait tant parler d’elle vient proposer au joueur trois choix bien distincts les uns des autres et donc trois fins plus ou moins différentes  (16 si l’on compte les détails) qui viennent balayer d’un revers de main tous les autres choix effectués  jusque-là, et ce, depuis le premier opus. Des choix énoncés par le catalyseur qui justifie ce chaos pour en éviter un plus grand encore : l’éradication des organiques par les synthétiques. Le conflit mythique entre les créateurs et leurs créatures est donc à l’origine de la création des moissonneurs qui jusque-là étaient la solution du catalyseur pour éviter l’extinction pure et simple des organiques.

À défaut d’avoir résolu un conflit qui semble inévitable, les organiques ont en revanche gagné de l’espoir et peut-être un futur plus enviable que celui promis par les moissonneurs ; ce que reconnait aisément le catalyseur forcé de reconsidérer sa solution mise à mal par la détermination du commandant Shepard et de ses alliés.
Les choix finaux qui sont alors proposés et les fins qui en découlent distillent en effet une note d’espoir, l’espoir d’une seconde chance pour tous. Mais le reste du tableau est beaucoup plus terne, le prix à payer pour cette seconde chance est lourd et chacun des choix proposés est un pari risqué sur l’avenir de la galaxie. Aucun n’est parfait et aucun n’est meilleur qu’un n’autre car ils contiennent tous leur lot d’incertitude.

" An end once and for all "

  
    Mass Effect 3 nous propose des fins difficiles à accepter, non pas parce qu’elles sont incongrues, bien au contraire, mais parce qu’elles peuvent déranger la plus part d’entre nous. Celles-ci nous font réfléchir et réagir sur les responsabilités que nous avons sur notre avenir tout en nous faisant entrapercevoir un futur noir qu’il est difficile d’imaginer aujourd’hui et encore moins facile à accepter. Pourtant, certains des enjeux mis en avant dans ce dernier opus font écho de façon tout à fait pertinente aux nombreux maux qui caractérisent quelques malaises socio politique et culturelle de notre époque ainsi qu’aux terribles conséquences que peuvent impliquer les technologies les plus avancées.

Beaucoup ont reproché à ces fins de ne pas correspondre aux attentes entretenues par les nombreux choix effectués depuis le premier opus et de laisser un certain nombre de questions en suspens. Des sentiments de frustration voire de trahison pour certains peuvent être ressentit une fois le jeu terminé et dans une certaine mesure cela peut être tout à fait compréhensible. Mais n’était-ce pas là le but recherché au travers de ces fins ? Était-il vraiment raisonnable et réaliste d'attendre que BioWare Façonne des fins de quelques minutes qui correspondent aux centaines de choix réalisés par les joueurs depuis le premier opus ? et outre les gros problèmes de temps, de budget et de ressource humaine que tout cela pourrait impliquer, est-ce, artistiquement parlant, réellement intéressant ?

La, «  les fins »,  de Mass Effect 3 ne doivent pas être perçu comme des trahisons vis-à-vis de l’ensemble de la série et des choix qu’ils nous ont été permis de faire tout du long, bien au contraire, mais plutôt comme une belle leçon de vie : Personne n’est complètement maitre de son destin et quels que soit le nombre de choix effectués au cours d’une vie, quels que soit le nombre de décisions prises, des événements imprévus viendront toujours bouleverser l’ordre établi et imposer leurs propres crédits.



  La saga Mass Effect est une ode à la vie et à la destruction dans laquelle les choix à prendre sont conséquents, mais au final ceux-ci ne prennent véritablement de sens que si l’issue auxquels ils conduisent est la plus unique et la plus véridique possible. Quel est donc l’intérêt de venir multiplier, détailler et différencier à outrance – comme l’avait malheureusement fait Heavy Rain au point de rendre une quantité de fins peu mémorables — si ce n’est que pour mieux enlever toute la saveur d’une seule et unique fin qui se suffit amplement à elle-même ; d’autant plus lorsque celle-ci nous invite à contempler la beauté tragique et mélancolique d’une destruction inévitable, mêlée à une subtile note d’espoir qu’il est difficile d’oublier une fois la dernière image effacée. Mass Effect 3 vient conclure avec intelligence et sincérité une trilogie épique qui fera date dans l’histoire du jeu.

Est-il vraiment nécessaire d’en demander plus ?

1 commentaire:

Quentin a dit…

Très intéressante analyse de ce jeu et de la fin. Amateur de SF j'ai vraiment apprécié ce dernier opus. Comme tu le dis et ça résume assez bien l'ambiance et les évènements : "personne n'est maître de son destin". Bien que l'on se plaît à le croire.
Ce qui est intéressant, selon moi, ce sont les grands sujets de la SF qui sont remis en exerguent, bien que discrètement, à travers ces différentes fins. L'aliénation de l'homme par la machine, la cohabitation avec la machine, la fin de la technologie, etc.
Je trouve que pour conclure une telle saga il n'y avait pas tellement mieux comme fin. Et puis, c'est important de laisser quelques sujets sans réponse. A nous de nous les faire.

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